Le bon, la brute ou le vaurien? Quel éducateur canin choisir pour votre chien?

On vit dans une époque d’extrémistes, dans laquelle on veut voir disparaitre les zones grises. On veut que tout soit simple. Soit c’est blanc, soit c’est noir. Les zones grises sont trop pleines d’incertitudes, et de à peu près, qui en fait paniquer plus d’un! 🙆

On nous bombarde, à droite et à gauche, de dogmes concernant le métier d’éducateur canin. Les argumentations, les critiques et la censure pleuvent quand on aborde des sujets comme la hiérarchie, la dominance, la soumission, la punition, la récompense, la vie de meute, ainsi que les fameux signaux d’apaisement (qui sont mal interprétés). 🤷

Pour résumer, le merveilleux monde international de l’éducation canine serait divisé, selon ces extrémistes, en 3 groupes :

  • les R+ (le bon, le Bisounours) qui utilisent le renforcement positif, tout en niant l’existance même des concepts scientifiquement établis de hiérarchie et de dominance. C’est le donneux de bonbons pour qui le chien travaille pour une paie (friandise).
  • les Coercitifs (la brute, le Gladiateur) qui utilisent les notions de hiérarchie et de dominance, tout en voulant imposer son autorité par la force physique et la peur. C’est l’arracheur de tête; celui qui donne des coups de collier à outrance.
  • les Charlatans (le vaurien) qui tentent de se faire passer pour un R+, alors qu’en fait, il est incapable de maîtriser ou de mettre en application ce qu’il prétend avoir acquis comme connaissance et expérience. Il interprête à sa façon et mélange les concepts. Il manque évidemment de compétance pour ce métier.

Ce ne sont pas « mes » définitions, mais bien celles qui circulent dans le monde canin « at large » depuis une dizaine d’années.

Pour contrer les Coercitifs et les Charlantans, les R+ s’organisent souvent en regroupement ou en association, sous une effigie quelconque, qui impose à ses membres de passer une évaluation théorique sur les principes de base de l’apprentissage par conditionnement et qui se dote d’un code de déontologie qui interdit l’utilisation de concepts comme : la hiérarchie, la dominance, la menace, la meute, l’interdiction, la punition, le mécontentement, le langage non verbal, ainsi que des outils précis (types de collier et licou).

L’éducateur canin qui ne fait pas parti de ce regroupement est, ni plus ni moins, catalogué comme étant un Coercitif. Les R+ nous expliquent que se pencher sur le chien, utiliser un son avec sa voix ou avec un objet (à l’exception du clicker), fixer le chien, lui dire « Non », ainsi que le réprimander, sont des signes évident que vous avez affaire à un Coercitif, qui mets la vie de votre chien en danger en exigeant la soumission et en utilisant la peur et la maltraitance pour faire obéir l’animal. 🤦

Les R+ (les Charlatans aussi) ont souvent la facheuse tendance à tout extrapoler. Selon eux, il n’y

a que 2 façons de faire : soit en utilisant que le renforcement positif, soit en utilisant la dominance (et forcément la brutalité, la peur, ainsi que la maltraitance).

Stop! 🛑🙅

Cette vision compartimentée, cataloguée, est une erreur majeure. Finalement, il semble y avoir bien plus de Charlantans dans le métier du chien que l’on pourrait croire…

Éduquer son chien, sans tomber dans la maltraitance, n’est pas synonyme de ne pas cadrer, ne pas intervenir, ne pas réprimander, ou de ne pas utiliser tel type de collier. On voudrait nous interdire de dire un simple « Non» ou d’intervenir pour arrêter un chien qui saute sur les gens. On voudrait nous faire croire qu’utiliser le langage corporel est forcément lié à un abus de pouvoir, de la dominance, de l’intimidation, ou de la provocation. OMG… certains ont vraiment besoin d’une mise à jour de leur formation académique.🙇 Il y a une immence zone grise entre la carotte 🥕 et le bâton!

Bien que certains scientifiques voudraient nier l’existence même de la hiérarchie de dominance chez le chien, des scientifiques tels que Mark Bekoff, Roger Abrantes, Richard Beaudet et plusieurs autres, expliquent que d’un point de vue éthologique, la hiérarchie de dominance ne peut pas être niée. Elle existe au sein de chaque espèce.

Et pour la dominance? Même chose…

D’ailleurs, Adam Miklosi, un scientifique de renom qui étudie le chien depuis des années, a publié dans Psychology Today, une étude sur l’influence du rang hiérarchique et des relations de dominance dans l’apprentissage chez le chien. Bien que la dominance soit présente, Adam Miklosi, comme la plupart des scientifiques actuels, encourage l’utilisation de méthodes positives dans le cadre du dressage et de l’éducation du chien.

D’un point de vue éthologique, la dominance est présente dans un comportement quantifiable et exprimé par un individu dans le but d’obtenir un privilège ou de maintenir l’accès à la ressource, dans un contexte spécifique qui implique au minimum 2 individus, sans qu’il y ait aggression (bagarre). Lorsque les 2 individus expriment de la dominance, ils entrent en conflit. Ce conflit mène souvent à la bagarre et, parfois même, à la tuerie. Donc, si la dominance n’existait pas chez le chien, alors comment se fait-il qu’il existerait de la « protection de ressource »? Les 2 concepts sont liés. Un ne va pas sans l’autre. 💇

Alors, comment faire pour trouver un bon éducateur canin pour vous aider avec votre chien?

En résumé, je dirais qu’un bon éducateur canin c’est un professionnel qui :

  • a suivi des formations prouvables, 
  • utilise des méthodes non violentes (sans risque de maltraitance du chien), basées sur le plaisir de travailler en équipe (avec utilisation de renforcement positif),
  • utilise des méthodes basées sur le conditionnement, tout en s’assurant de la sécurité
  • pour le chien et sa famille humaine dans l’utilisation des techniques et des outils (collier, harnais, laisse, licou),
  • adaptera les techniques au cas par cas, selon les individus et l’environnement familial, sans jamais nuire au chien ou sa famille. 

Le bon éducateur canin veut un chien équilibré et non robotisé. Il comprend que le chien a des émotions et que, comme nous, son manque de performance ou d’obéissance n’a rien à voir avec un quelconque défi de dominance ou besoin de contrôler.

Le bon éducateur canin est adaptatif. Peu importe l’outil utilisé, il sait comment et pourquoi l’utiliser ou ne pas l’utiliser. Il enseigne sans juger ou condamner. Il est ouvert d’esprit et prêt à admettre ses torts. Le bon éducateur canin est toujours en formation, parce qu’il travaille avec du vivant et qu’il doit constamment améliorer ses techniques, afin de minimiser au maximum les interventions négatives.

Le bon éducateur canin est capable de mettre en application ce qu’il enseigne. Il vous explique comment faire et est capable de vous le démontrer avec votre chien.

Je jeu du miroir (faites comme l’éducateur fait avec son chien) est souvent signe de manque de confiance en ses capacités ou de manque de compétance. Le bon éducateur canin est capable de s’adapter au cas par cas, en le mettant en application avec votre chien. Si l’éducateur canin que vous consultez est incapable de mettre en application avec votre chien les concepts qu’il vous enseigne, allez ailleurs.

Un bon éducateur canin vous aidera à bâtir une relation de confiance basée sur le partenariat entre vous et votre chien. Les chiens utilisent leur propre langage pour communiquer avec nous. Un bon éducateur canin saura vous enseigner à comprendre la gestuelle du chien et à communiquer avec lui. Cette gestuelle, souvent citée à tort comme des signaux d’apaisement, est issue de la théorie de la dominance et décrit les comportements agonistiques (comportements ayant un rapport avec l’aggression, la dominance, la soumission, la fuite, le désaccord…) du chien. Un bon éducateur canin doit savoir lire le chien et donc, connaître et comprendre les comportements agonistiques, afin d’interagir efficacement au quotidien avec les chiens.

En fait, un bon éducateur canin ne peut pas être classé dans la catégorie exclusive des R+, des Coercitifs, et encore moins celle des Charlatans.

Pour plus d’information, n’hésitez surtout pas à me contacter.

 

Auteur : Johanne Parent
éleveur, éducateur canin, intervenant et coach en comportement canin