Quand l’Homme devient stupide…

(agressivité canine : article 3/3)

La relation qui existe entre l’agressivité et la génétique fut démontrée dans plusieurs cas où la sélection des reproducteurs, pour produire des chiots plus performants aux sports d’attaque (Ring, Schutzhund, protection…) ou pour gagner les combats de chiens, fut planifiée.

En génétique, nous savons que lorsque nous sélectionnons un gène en particulier, nous affectons automatiquement un minimum de 10 autres gènes et qu’il peut s’ensuivre un problème neurologique. Il a été démontré chez les coqs que plus on sélectionnait pour un trait en particulier (plus de chair, plus beau plumage, etc) plus les descendants devenaient agressifs au point de s’entre-tuer.

L’agressivité de ce type est reliée à la neurobiologie du comportement. L’animal instable neurologiquement parlant, présentant un syndrome agressif, pourra difficilement devenir non réactionnel.

Dans son livre « Animals in Translation », Temple Grandin y explique aussi qu’une certaine relation existe entre le tempérament agressif et la structure osseuse de l’animal. Elle a remarqué chez beaucoup d’animaux, entre autre chez les bovins, qu’au sein d’une même race, les animaux les plus agressifs avaient une ossature plus fine. Plus l’ossature est solide et de bonne proportion, plus l’animal est calme. Plus l’ossature est fine et légère, plus l’animal est réactionnel et émotionnel.

Dmitry Belyaev, un généticien russe, a expérimenté l’élevage de renard argenté pour prouver sa thèse que la sélection détermine les traits que l’on voit chez nos animaux domestiques. Après plusieurs générations de sélection (de 1959 jusqu’à son décès en 1985)où il a gardé les rejetons les moins méfiants de l’humain pour la génération suivant, il a obtenu des renards qui ressemblaient de plus en plus à des chiens. L’étude étant importante, un groupe de scientifiques russe à continuer ce travail de sélection après 1985. Aujourd’hui, les bébés renards compétitionnent pour avoir l’attention des humains, un peu comme le font les chiots d’une portée. Ils pleurent et branlent leur queue comme un chien. Ils se transforment en animal domestique comme l’avait prédit Belyaev.

L’apparence de ces renards a changé. La couleur de leur fourrure est devenue tacheté noir et blanc, un peu comme celle d’un Border Collie. La queue a commencé à rouler sur le dos. Les oreilles sont tombantes. L’ossature est plus forte, moins fine que celle du renard. Leur taux d’hormones de stress dans le sang est plus bas que celui du renard sauvage, mais la sérotonine est plus élevée, ce qui inhibe l’agression dans le cerveau.

Dans les dernières générations, des renards ont commencé à démontrer des problèmes neurologique, comme l’épilepsie et des port de tête déficients.. Certaines mères ont développé du cannibalisme (mangent leur progéniture).

La sélection de l’humain pour certains traits… ce que je nomme la sélection extrême et que les anglophones nomment le « over selection » …. conduit à l’agressivité. Vous savez ces chiens de races qui ont, par exemple, de plus en plus le museau court ou de plus en plus tel ou tel trait particulier au fil des générations? Les éleveurs qui sélectionnent ainsi jouent avec le feu. Pourquoi retrouve-t-on des Golden Retriever agressifs? Pourquoi les petits Pinschers deviennent de plus en plus agressifs?

  • L’éleveur peut donc être, en partie, responsable de l’agressivité de ses chiots : par sélection extrême, par manque de socialisation en bas âge, ou encore par le choix des reproducteurs déjà agressifs ou instables.
  • Le propriétaire du chiot peut aussi être responsable en partie de l’agressivité de son chien devenu adulte : par une socialisation ou une éducation inadéquate.
  • Enfin, l’éducateur peut lui aussi être en faute! Les techniques inadéquates pour ce chiot en particulier peuvent le préparer à devenir agressif.

Chacun des professionnels canins doit revoir ses priorités, laisser tomber ses œillères et prendre ses responsabilités.

En comportement, il n’existe pas de solution miracle. Il n’existe pas de recette magique qui peut s’appliquer à tous les chiens sans exception. Il n’existe pas une seule technique bonne pour tous les chiens sans exception.

En comportement, il faut savoir écouter, analyser, comprendre et s’ajuster en conséquence.

Le clicker est un outil, un accessoire utilisé par les dresseurs pour des trucs spécifiques exigés par le cinéma… et il était utilisé des dizaines d’années avant même que Karen Pryor commence à en faire la promotion auprès du chien de compagnie. La roue n’a pas été réinventée avec l’apparition du clicker! Le clicker est simplement un accessoire qui remplace le « Bon Chien! » ou le bruit de bécot que je fais avec le cheval ou le chiot pour le faire venir vers moi…
Le clicker est un bruit que l’on associe avec une motivation (en général la nourriture).

Ce qui importe avant tout en éducation et en rééducation canine (et humaine), c’est la motivation. Il faut que la motivation soit efficace. J’ai connu des chiens qui n’en avaient rien à foutre de la bouffe…. et même certains qui avaient tout simplement peur du clicker!!!

La motivation est reliée au désir de coopérer, mais quand la motivation devient source d’anxiété (est-ce que je vais avoir le bonbon ou pas?), elle devient néfaste. Quand vous vous rendez au travail tous les matins, votre motivation c’est la paie et vous savez qu’elle sera versée toujours le même jour, toutes les 2 semaines. Cette paie assurée vous stabilise. Vous faite votre travail sans vous poser de question car vous savez que vous serez récompensé. Mais si vous alliez travailler, en espérant recevoir votre paie, sans jamais pouvoir prévoir quand vous la recevrez, votre motivation diminuera et votre anxiété augmentera! C’est pareil pour le chien qui essaie de trouver la bonne réponse dans la technique du clicker.

Beaucoup de chiens vont essayer tout et n’importe quoi. Leur système émotionnel est enclenché. Ils veulent la bouffe et font tout dans l’espoir d’entendre un clic… et leur anxiété augmente pour être récompensée!!!!!! Au final, le chien est récompensé par le click au moment où il met son nez sur le bon objet qu’il devait toucher ET au moment où son anxiété était à tel niveau!!!! Cette partie, la grande majorité des pros clicker l’oublient….

Ça me fait toujours sourire quand j’assiste à une démo de clicker et que le « professeur » a un chien qui ne reste pas en place 30 secondes et essais plein de choses pour entendre le click. Dans la plupart des cas, pour ne pas dire tous les cas, le chien a les pupilles dilatées et salive beaucoup…. signes d’anxiété.

Le clicker devrait être utilisé avec des chiens stables et équilibré…. pas avec des chiens dont l’anxiété augmente ou apparaît à son utilisation.

À réfléchir…. Quand vous utilisez un clicker, êtes- vous certains à 100% d’effectuer le clic au bon moment? Savez-vous à quoi pense votre chien lorsqu’il entend ce clic?

Dans les cas d’agressivité traités au clicker comme je vois régulièrement, si le clic est entendu au moment où le chien vous regarde, mais que son regard était une demande du genre « Allez maman, laisse-moi aller lui en mettre une sur la gueule », croyez-vous vraiment que votre intervention sera anti agressivité? Au contraire!!!! Vous venez de récompenser la pensée de votre chien!!!!! N’utilisez jamais le clicker si vous n’êtes pas certain de l’effet qu’il aura à long terme.

Le clicker fut développé d’abord et avant tout pour enseigner à un animal une action de courte durée pour les besoins du cinéma. Pendant l’enseignement, l’animal était en milieu stérile, sans distraction. Ensuite, le clicker fut utilisé avec des animaux de zoo ou de laboratoire comme les primates et les éléphants. Mais avez-vous remarqué que ces animaux sont toujours séparés de l’entraîneur par une grille pendant l’apprentissage? Avez-vous aussi remarqué que c’est pour des choses spécifiques comme une prise de sang ou la taille des pieds que le clicker était utilisé?

Vous pouvez enseigner plusieurs comportements différents à un animal avec un clicker. J’ai moi-même entraîné une chatte à faire un CD (concours d’obéissance du Club Canin Canadien) et de l’agility. J’ai enseigné à un cheval à s’asseoir, à faire le mort, à saluer et à donner la patte.

Mais, quand on parle de pathologie du comportement animal, c’est une autre histoire. Il y a trop d’impondérables à prendre en considération pour que l’utilisation du clicker soit efficace dans tous les cas. Attention aux effets secondaires possibles. Le clicker n’est pas le truc magique pour régler tous les problèmes.

Publié le 12 décembre 2013 sur johanneparent.over-blog.com

Auteur : Johanne Parent