Nature vs Nurture

Chiots Eurasier de l’élevage Eurasia-Fincaribou

Quand on est éleveur, on fait souvent face à cette question : doit-on aider la chienne et les nouveaux-nés, ou laisser faire la nature? Ce qu’on appelle le « Nature vs Nurture » en anglais.

Cet article me vient à l’esprit parce que chaque fois que je dois faire face à un ou des décès dans une portée, je me remet en question.

Certains disent que, dans la nature, seuls les plus forts vont survivre. Les autres ne devaient tout simplement pas vivre. C’est la Loi de la Nature.

Ouais… mais on ne parle pas de chiens sauvages ici, mais de chiens domestiqués depuis des millénaires et sélectionnés pour former des races depuis quelques siècles. On parle de chiens qui vivent avec les humains et partagent leur vie familiale. De chiens qui ne sont plus des loups, ni des chiens sauvages.

J’ai vu des chiennes de 3 ans avoir leur première portée et ne pas savoir quoi faire avec ces petites choses gluantes qui sortaient de son corps. Je devais lui enseigner quoi faire, la stimuler èa manger le placenta, la calmer pour qu’elle laisse les petits téter. Cet apprentissage d’à peine quelques heures et la chienne devenait une suoer maman trèes attentionnée pour ses chiots.

J’ai vu des chiennes se préoccuper plus de lécher le liquide sur le sol du nid et à sa vulve, que de se préoccuper de libérer le nouveau-né du sac amniotique! J’ai vu des mères se coucher sur un chiot et s’en foutre royalement. Bref, l’instinct maternel est plus ou moins présent selon la femelle.

Au cours des années, j’ai donc appris èa aider mes chiennes lors de la mise-bas. Je les assiste, même si je dois passer la nuit assise èa ses côtés, afin de m’assurer que tout se passe bien. Je suis présente si une dystocie apparait et réagir efficacement au besoin. J’ai suivi des formations offertes par des américains (vétérinaires et spécialistes) afin de me former en premiers soins dans le cadre de la néonatalité.

Malgré tout, j’en viens à la conslusion ce matin que plus j’en apprends, plus la perte d’un chiot m’affecte… Je me pose des questions. Pourquoi? Ai-je oublié quelque chose? Ai-je mal fait mon boulot?

  • température/lampe chauffante ok
  • pas de couverture qui aurait pu bloquer ou étouffer un chiot
  • prise de poids ok puis boum ça dégringole???
  • gavage ok
  • reflexe de succion ok
  • …… bref je vérifie tout
  • pourquoi il pleure celui-là? douleur, malaise, faim, soif, chaud, froid?????

On a beau aider au mieux, il y a des fois… ça ne marche pas et au final :

  • On subit la pression des clients qui sont impatients de savoir s’ils auront un chiot et si oui, lequel???
  • On subit les critiques des clients qui se font dire par sur un groupe/forum que c’est pas normal que des chiots décèdent.
  • On se culpabilise. On veut faire plaisir aux clients, mais on se mets la pression.

Bref…. la vie d’éleveur n’est pas aussi rose que certains peuvent prétendre!

De l’oeuf ou la poule, lequel est le plus facile?

Être éleveur professionnel passionné comme je le suis? Ou être un simple producteur, puppy mills, qui se contente de prendre la chienne en chaleurs dans son enclos/cage, de la mettre avec le mâle. De reprendre la femelle aprèes ses chaleurs et de la replacer dans son enclos/cage. De laisser faire la chose, et ramasser les décédés pour les mettre aux poubelles. Au final, retirer les chiots de la mère au sevrage, puis de les vendre aux animaleries ou sur kijiji. Ce producteur, il ne se stress pas et ne se casse pas la tête comme je le fais. Il ne fais que ramasser le fric lors de la vente. Il se fou royalement du bien-être animal… ou s’y conforme uniquement pour avoir son permis du MAPAQ.

À bien y réfléchir, un éleveur professionnel se casse le clboulot! Il aime se compliquer la vie hahaha. Serait-il un peu maso?

Tout ça pour vous dire que…. être éleveur professionnel, ce n’est pas une sinécure.

 

Auteur : Johanne Parent
éleveur, éducateur canin, intervenant et coach en comportement canin