Les SPCA/SPA, ainsi que de nombreux clubs et vétérinaires recommandent fortement de visiter l’élevage avant d’acheter un chiot ou un chaton.
C’est tout ce qu’il y a de plus logique quand on veut contrer les simples marchands de chiots et de chatons comme les animaleries, les puppymills ou kittymills, ainsi que les back yard breeders. Moi-même je recommandais la visite d’élevage obligatoire, jusqu’a récemment… car qu’en est-il de la réalité et des responsabilités de l’éleveur en rapport avec la visite de son élevage?
Risque de maladie
Le MAPAQ, qui est conscient de l’importance des normes de prévention sanitaires dans les élevages canins et félins, ne partage pas systématiquement ce point de vue car, quand on cherche un chiot ou un chaton, on visite des élevages… au risque de transmettre les virus du 1er élevage visité au 2ème….etc.
La transmission de virus peut se faire même si on ne visite pas les 2 ou 3 élevages dans la même journée! En effet, le virus peut se coller à vos cheveux, vos chaussures ou même votre manteau! Et que dire de la teigne du chat transmise d’un élevage à l’autre?
C’est d’ailleurs pour cette raison que les inspecteurs du MAPAQ portent des couvres bottes de plastique et des gants stériles lors de leurs visites d’inspection et ne touchent pas aux animaux.
Aucun éleveur n’aime voir ses chiots mourir de parvovirus suite à une visite. Aucun éleveur veut voir ses chatons affectés par la teigne ou la rhino. C’est pour cette raison que plusieurs refusent systématiquement les visites, alors que d’autres éleveurs, qui ont déjà goûté à cette sauce, sont d’autant plus méfiant et vous feront enlever vos chaussures, désinfecter vos mains etc, dans le seul et unique but de réduire le risque, sans pour autant l’éliminer.
L’assurance responsabilité
Un autre point important à prendre en considération est l’assurance responsabilité civile.
Aucune assurance habitation normale ne couvrira les risques de morsures ou de blessures par un chien ou un chat chez un éleveur. Beaucoup d’éleveurs croient être protégés par leur assurance habitation, alors que ce n’est pas le cas car, dans la grande majorité des cas, l’éleveur a omis de déclarer qu’il était éleveur de chiens ou de chats…
Bon ok ce n’est pas parce que vous visitez un élevage que vous vous ferez mordre. Mais si vous tombiez dans l’escalier et, par pure malchance, vous vous fracturez la jambe? Vous seriez en droits de réclamer votre perte salariale et une indemnité à l’éleveur… qui aura probablement des problèmes avec son assurance n’ayant pas déclaré qu’il est éleveur et que ses chiens ou chats habitent dans sa maison…
Vous voyez où se situe le problème que j’essaie de vous expliquer?
Et d’ailleurs, lorsque vous faites stériliser pitou ou minou, même si vous êtes le propriétaire et que vous payez la facture de ce service, vous n’aurez pas accès à l’arrière boutique comme on dit….. tout simplement pour une question d’assurance!
Revenons à la visite d’élevage.
Au Québec, pour être assuré en cas de blessure lors d’une visite de l’élevage, c’est comme pour un centre canin, il faut une assurance commerciale de même catégorie que les sports extrêmes, c’est-à-dire de haut risque. Très peu de compagnies offrent se type d’assurance.
Bien que les blessures soient rares quand on visite un élevage, le risque existe bel et bien. D’ailleurs, il y a quelques années un éleveur de Bouvier Bernois a fait les manchettes parce qu’un de ses chiens aurait pincer un enfant. Il y a quelques mois, un éleveur de Labrador avait aussi eu des problèmes parce qu’un de ses chiens avait fait tomber un enfant lors de la visite de l’élevage et ce petit garçon avait eu la clavicule fracturée. L’an dernier, un éleveur de chat s’est fait poursuivre parce qu’un chaton avait fait tomber une visiteuse dans l’escalier, lui causant des blessures.
Afin de se protéger d’éventuelles poursuites légales, l’éleveur responsable devrait donc vous refuser l’accès à sa résidence personnelle si celle-ci est le lieu d’élevage…. ou vous prouver que légalement il est couvert par une assurance responsabilité commerciale au cas ou vous seriez blessé.
Les entreprises commerciales comme les centres canins, les toiletteurs, les pensions, les élevages commerciaux en chenil, les vétérinaires… doivent obligatoirement posséder une assurance responsabilité commerciales qui vous protégera en cas de morsure ou de blessure. N’hésitez pas à vérifier.
Risque de vol
Un autre point à considérer est celui du vol d’animaux. De plus en plus d’éleveurs en France, aux États-Unis et même ici au Québec se font voler des chiots ou des chatons le jour même ou dans les quelques jours suivants une visite de l’élevage pour y voir les animaux et rencontrer l’éleveur.
Chinese Crested, Bulldog, Husky, Chihuahua, Caniche…. Abyssin, Sphynx, Bengal…. le « patern » est souvent le même. Un couple vient visiter. Juste avant de partir la dame demande pour aller aux toilettes. L’éleveur l’accompagne pour lui montrer le chemin. Le conjoint va l’attendre dans la voiture…. avec le chiot ou le chaton caché dans son manteau! Les gens partent et l’éleveur réalise, trop tard, qu’il lui manque un bébé.
Ou encore, dans les jours qui suivent la visite d’un couple, l’éleveur quitte la maison pour quelques heures et à son retour découvre qu’un chiot ou que la portée complète a disparue!
Des cas de ce genre, il y en a malheureusement de plus en plus. Il ne faut donc pas s’étonner que les éleveurs soient de moins en moins enclin à rencontrer des inconnus chez eux. Il ne faut pas s’étonner de constater que de plus en plus d’éleveurs vont limiter votre accès à leur résidence ou aux chiens ou chats de leur élevage.
Sans compter que chez plusieurs éleveurs canins, une bonne partie des chiens de reproduction peuvent être placés dans des familles d’accueil. Ces familles ont un chien chez eux et n’ont pas à accueillir les visiteurs qui désirent « peut-être » acheter un futur chiot.
Enfin, puisqu’il y a eu vol de reproducteurs adultes en France (chien et chat), ainsi que des cas d’empoisonnement, on peut mieux comprendre ce refut de la part d’un éleveur de divulguer son adresse civique.
Résumons le tout
En résumé, bon nombre de raisons justifiées et éthiques peuvent se cacher derrière le refus d’un éleveur de vous ouvrir la porte de sa résidence personnelle.
J’ai plusieurs amies éleveurs de différentes races de chiens et de chats, ici au Québec ou aux États-Unis, qui ne donnent plus leur adresse pour cette raison. Ils rencontrent les gens lors d’un salon, d’une exposition canine ou féline, ou encore dans un restaurant. Elles préfèrent rester discrètes, afin de protéger leurs chiots et chatons.
Alors, quand un éleveur essaie de semer le doute dans votre esprit en ce qui concerne l’accès au domicile d’un autre élevage, vous devriez vous demander si c’est simplement pour nuire à son compétiteur?
Au final rappelez vous de ceci :
Selon la charte des droits et libertés de la personne qui constitue une loi canadienne, la demeure est inviolable.
Donc, toute personne a le droit de refuser l’accès à sa demeure, afin de protéger sa vie privée. Ce qui n’a rien à voir avec le fait de cacher un puppymills ou un kittymills comme certains veulent vous le faire croire.
Auteur : Johanne Parent