Pourquoi placer un retraité en famille?

photo de Makwa

Samedi dernier, ma doyenne s’est éteinte après plus de 14 années de vie commune. Makwa était arrivée chez moi à l’âge de 8 semaines et a passée toute sa vie à mes côtés.

En temps que reproductrice, elle m’a donné 3 portées de Chien Finnois de Laponie, dont la dernière naissant prématurée avec un seul survivant, le petit Elmo.

Pendant toutes ces années, chaque soir ma belle et douce Mak dormait près de mon lit. Elle me suivait dans mes activités quotidiennes, dormait sous la table de la cuisine ou sur le canapé. Comme tous mes chiens, elle faisait partie intégrante de ma vie familiale.

 

Au fil des ans, certaines personnes ont essayé tant bien que mal de m’apposer l’étiquette de byb, de simple producteur parce que je reproduis des chiens de race pure et que j’ai 3 races. 

Régulièrement on me contacte pour adopter un retraité. C’est parce que mes retraités je les aime et les garde avec moi jusqu’à la fin. Je leur dois bien ça. Ils m’ont tout donné. J’ai vécu tant de moments de joie avec eux. Alors, sauf en cas de force majeure, je ne place aucun retraité. Pourquoi? Parce que j’ai l’impression de laisser tomber, de simplement domper, ce chien que j’aime et qui m’a donné tant d’amour depuis qu’il est tout petit.

Malgré tout, je comprends la responsabilité monétaire liée aux vieux chiens. Ce n’est pas rentable dans une entreprise de continuer de nourrir et de soigner des chiens qui ne servent à rien. Le retraité prend la place d’un autre chien plus jeune, surtout quand on est limité par un nombre de chiens avec notre permis de chenil. Ce retraité va gonfler les factures de soins vétérinaires, puisque plus on vieilli, plus on peut avoir des petits bobos qui sortent. Et quand la fin arrive, l’euthanasie et la disposition du corps (les termes employés), sont de plus en plus dispendieux… le coût est fonction du poids et de la taille du chien, donc plus il est lourd et grand, plus c’est cher. Sans compter la douleur et la tristesse qui nous envahi lorsque le moment tant redouté se produit.

Je comprends les éleveurs qui dompent leurs reproducteurs dans de nouvelles familles, même si je ne suis pas en accord émotionnellement.

Ces chiens retraités, comme ceux des refuges, doivent s’adapter à un nouvel environnement, une nouvelle routine quotidienne, de nouveaux humains et copains à plumes et/ou à poils. Bref, on espère qu’ils auront une belle fin de vie loin de nous, même si ce chien subit un deuil de son ancienne vie.

Je comprends les éleveurs qui dompent leurs reproducteurs avant la fin. Ils s’épargnent cette détresse émotionnelle qui m’envahi à chaque fois que j’accompagne l’un de mes vieux chiens vers le pont de l’arc-en-ciel.

Chaque fois mon cœur se fissure. Chaque fois, je braille ma vie. Chaque fois je me sens perdue sans mon vieux chien. Cette douleur, cette tristesse, cette détresse… ces éleveurs ne la vivent pas. Cette gamme d’émotion fait de moi un être meilleur, parce qu’en tant qu’éleveur je sais que j’assume mes responsabilités.

photo de Makwa dans la neige

Comme le disait si bien Le Petit Prince « Tu es responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé ».

Ma belle et douce Makwa Bear…
Mon petit ourson noir…
Je t’aimais, Je t’aimerai toujours.
Repose en paix et cours libre au-delà de l’arc-en-ciel xoxoxo

photo montage en l'honneur de Makwa